UNE FORMATION
ACADEMIQUE
Après un cursus scolaire à Thonon-les-Bains, Maurice Novarina suit une double formation : dans un premier temps à l’Ecole Supérieure des Travaux Publics à Paris, puis à l’Ecole Nationale des Beaux-arts, où l’enseignement conventionnel, hérité de l’Académie Royale d’Architecture, voit naître une génération d’architectes et d’artistes qui bouleverse le XXe siècle.
L’ENSEIGNEMENT DE L’ARCHITECTURE
AUX BEAUX-ARTS EN 1930
En 1930, les effectifs de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, (ENSBA), représentent 1430 élèves pour la section Architecture. L’Architecture est l’une des trois disciplines enseignées, avec la Peinture et la Sculpture. La formation des architectes est proposée à l’école des Beaux-arts de Paris exclusivement, bien qu’il existe à partir de 1903 des écoles régionales des beaux-arts, dépendantes de la capitale au niveau des contenus et de la délivrance des diplômes. L’enseignement de ces écoles est conventionnel, attaché aux règles de l’Académie des Beaux Arts, qui existe depuis 1671. Pourtant, c’est dans les couloirs de l’ENSBA que vont se former les architectes « modernes » bâtisseurs du XXe siècle. Une remise en cause des modèles, liée à l’apparition de matériaux nouveaux, amène les élèves à fonder des ateliers avant-gardistes. L’atelier du Palais de bois, atelier libre, est ainsi ouvert avec Auguste Perret en 1923, dans des locaux provisoires, à la porte Maillot, sur un de ses chantiers en cours. Cet atelier fonctionne jusqu’en 1940. Auguste Perret ouvre un atelier officiel, plus tard, à l’Ecole des Beaux-arts, en 1942.
Exemple d’exercice à l’École des Beaux-arts.
Auguste Perret (1874-1954),
ingénieur et architecte
Né en Belgique, Auguste Perret étudie à l’Ecole des Beaux-arts de Paris avant de rejoindre l’entreprise paternelle de travaux publics, avec son frère Gustave. Grâce aux influences doctrinales de Viollet-le-Duc et de son professeur Julien Guadet, il se forme très tôt aux procédés de construction et notamment au béton armé. Il défend un « classicisme structurel » qui s’inspire du néo-gothique et du néo-classique. En 1945, il est nommé Architecte en chef de la Reconstruction de la Ville du Havre (classé Patrimoine Mondial de l’Unesco en 2005), où il concrétise sa doctrine moderne : des constructions régies par une trame rigoureuse, des habitations répondant aux principes modernes que sont la lumière, l’hygiène et le confort. Auguste Perret marque non seulement l’histoire de l’enseignement de l’architecture, mais se place également comme le premier utilisateur du béton armé dans ses constructions, convaincu par les possibilités techniques qu’offre le matériau, ouvrant ainsi la voie à la modernité.
Louis Moynat (1877-1964),
architecte
Originaire de Moutier en Suisse, Louis Moynat se forme à l’Ecole des Beaux arts de Paris et débute sa carrière d’architecte dès 1905 à Thonon-les-Bains, avec une première villa et la construction d’une école maternelle. Son style Arts and Crafts empreint de régionalisme illustre la Belle Epoque, période calme du début du XXe siècle. Outre de nombreuses villas, il réalise des projets singuliers à Annemasse et à Thonon-les-Bains comme le collège Jean-Jacques Rousseau en 1908, l’hôtel de l’Europe en 1910, la Tour Moynat en 1933. Personnage influent, son oeuvre porte la modernité du mouvement Art Déco. Il travaille avec d’importants industriels de la région et s’associe à des amis architectes comme Jean Monico, Claude Marin et Maurice Novarina.
LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DE
L’ARCHITECTURE À PARTIR DE 1968
En 1968, André Malraux lance les Unités pédagogiques d’architecture (UPA) sur le territoire français, qui deviennent des écoles autonomes, proposant un cursus singulier et brisant ainsi l’unité des Beaux-arts de la capitale. Cette réforme, dans la vague révolutionnaire de mai 68, entraîne des changements radicaux dans l’organisation des études, s’inspirant de l’Université, marquant la fin d’un pouvoir central et archaïque. La formation dispense en plus de l’architecture des cours d’arts plastiques, de sciences de la construction, de sciences exactes, de sciences humaines et juridiques.
Autour de Maurice Novarina
UNE FORMATION D’INGENIEUR
A l’E.S.T.P, Ecole Spéciale des Travaux Publics à Paris, Maurice Novarina suit les enseignements de professeurs ingénieurs. L’étudiant rencontre Léon Eyrolles, directeur et fondateur de la formation, et Jean Baptiste Mathon, architecte-professeur, qui lui recommande d’enrichir son cursus à l’Ecole des Beaux-arts. Il obtient le diplôme d’ingénieur en 1928, alors qu’il prépare son entrée aux Beaux-arts dans la section Architecture.
UNE FORMATION ACADÉMIQUE EN ARCHITECTURE
Maurice Novarina entre à l’Ecole des Beaux-arts de Paris en 1929 où il fréquente l’atelier de Jean Baptiste Mathon. Le système d’ateliers hiérarchise l’enseignement : un patron d’atelier, architecte titulaire généralement du Prix de Rome, corrige les exercices de composition des élèves. Entre eux, les futurs architectes sont organisés en groupes et suivent la philosophie et les règles de vie de l’atelier, dans lequel les plus jeunes élèves sont encadrés par les anciens, et grattent pour eux les rendus de projets. L’exercice de projet et les concours d’émulation consistent à réinterpréter les règles classiques de composition en répondant à un sujet académique type « une place pour un monument », un « théâtre pour une ville »… Le site du projet est souvent fictif, seules les références aux modèles classiques comptent.
Relevé de notes de Maurice Novarina, élève à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts à Paris, 1929.
Planche de présentation pour le Monument aux fusillés d’Habère Lullin, vers 1933.
Autour de Maurice Novarina
« Je sais aussi ce que je dois à mon patron, Jean-Baptiste Mathon, Premier Grand Prix de Rome, architecte aux jugements d’une grande objectivité et d’une égale lucidité, dont l’enseignement rigoureux savait laisser le champ libre à l’imagination. Chacun a un professeur dans sa vie. Celui que fut Jean- Baptiste Mathon pour nombre d’architectes aujourd’hui est inoubliable. Il avait cette intelligence fondée sur le bon sens qui rend toute chose simple ; il sut développer en nous la sensibilité, qui permet de donner à toute entreprise humaine ce qui en fait la nécessité : un supplément d’âme. »
Maurice Novarina, Discours prononcé à l’occasion de son installation à l’Institut
de France, Académie des Beaux-arts, Paris, 1979.